Notre 3ème rdv : Savez- vous que la reconnaissance au travail n’est pas uniquement financière?
Pour Christophe Dejours, c’est la rétribution symbolique qui apporte le « vivre ensemble » gage de la performance individuelle et collective dans la durée.
Pour qu’une personne ressente de la reconnaissance, elle va opérer une analyse de la qualité de son travail à travers 2 jugements :
– le jugement d’ utilité : c’est la contribution économique, technique et sociale du salarié. Ce jugement va être formulé par la hiérarchie. A titre d’exemple : « ton travail a contribué a augmenté la performance de l’entreprise ou merci pour ton savoir-faire… »
– le jugement de beauté : c’est la conformité du travail avec les règles de l’art et de métiers. Ce jugement est exprimé par les pairs. A titre d’exemple ici : « tu as fait du beau de travail, on est impressionné par ton goût du travail bien fait, tu es vraiment un pro, bravo pour ton aide précieuse… »
Ce jugement de beauté joue un rôle majeur dans la reconnaissance au travail et de ce fait participe grandement à la construction de l’ identité.
Pour ressentir de la reconnaissance, le salarié doit par conséquent recevoir les 2 « jugements » . Or la tendance actuelle est de privilégier le premier.
Et pourquoi ?
Ce 2ème jugement n’existera que si et seulement si la personne se sent en confiance pour dévoiler ses réussites mais aussi ses difficultés auprès de ses collègues.
Le constat actuel est que la confiance dans le travail est gravement mise à l’épreuve par certaines formes d’organisation du travail.
En effet, si elles sont basées uniquement sur la compétitivité entre salariés et sur l’évaluation de la compétence individuelle, ces organisations vont nuire considérablement à l’expression de l’équipe sur la « prouesse » de leur collègue… c’est ainsi, que ces jugements de beauté vont être empêchés…
Dire à son collègue qu’il fait du bon boulot, c’est accepter que celui-ci soit possiblement plus apte à réussir une tâche que soi-même.
Alors, comment développer ou renforcer la rétribution symbolique auprès de ses collaborateurs ?
Autrice : Carole CHECKOURI-LE SPEGAGNE
Psychologue du travail, Directrice de CLSpraxis